Lettre pour une Europe pour le Christ, février 2013

«  Une contemplation » par Florian Kolfhaus

Pendant le carême nous contemplons la passion du Christ. Ce n’est pas simplement pour se souvenir de ce qui est arrivé à Jésus il y a 2 000 ans, mais pour réaliser qu’il l’a fait pour nous.

Il avait à l’esprit, chaque être humain, moi-même inclus, quand il a été condamné à mort, torturé et crucifié. Chaque station du chemin de croix, il m’appelle pour me montrer combien il m’aime.

Quand Jésus se tient devant le gouverneur romain, il me dit : « je juge celui qui renonce à l’amour. Mais mon jugement est différent de celui de Pilate parce que je me mets à la place du coupable. Je m’incline devant le jugement injuste du gouverneur romain afin que tu puisses être acquitté. Peux-tu voir combien je t’aime ? »

Quand il porte la croix sur l’épaule, il pense au fardeau de ma vie : « je ne porte pas sur mes épaules du bois pour le feu. Je porte le monde. Plus comme un animal de bât, je porte l’humanité et chacun. Je te porte. Chaque péché, chaque mauvais acte est un coup dans mon côté, une blessure douloureuse qui me pousse à marcher. Mon amour te porte. Rien n’est trop lourd parce que je t’aime. Je te demande de me rejoindre sur la route. Aide moi à porter le monde. Je sais que tu as peur de la croix, peur d’être écrasé par son poids. Mais il n’y a rien de trop lourd pour toi parce que je t’aime. Je te demande de permettre que cela se passe parce que j’ai besoin de ton aide et j’attends avec impatience ton amour. Ne te sens tu pas plus prêt de moi maintenant que tu ne l’étais avant ? »

Cloué à la croix il me regarde comme si j’étais la seule personne sur la terre et qu’il n’endurait que pour moi seul la souffrance de la mort : « je peux me libérer de ces bois, juste en descendant. Non, ces clous ne peuvent me retenir, mais toi, tu peux. C’est pour vous tous que cela se passe. Mon regard va rester fixé sur toi jusqu’à l’ultime moment, et c’est parce que je te vois que je peux supporter tout ceci. Si toute cette souffrance, cette douleur, cette amertume, cette honte et ces plaies sont le prix que j’ai à payer pour toi -  tu le vaux sans aucune doute. Laisse mes plaies devenir les tiennes, de la même façon que les tiennnes sont devenues les miennes.

Jésus souffre parce qu’il veut nous convertir en un être qui aime. Il nous appelle à prendre nos croix parce qu’il veut notre amitié. La prière du chemin de croix n’est pas une pratique de pieuse dévotion qui peut remuer des « âmes pieuses » , une chance d’étudier la souffrance de Jésus et des autres avec une distance de sécurité. Non, c’est en fait une invitation à venir avec lui. Il s’agit de laisser Jésus me parler d’une façon très personnelle et de gravir le mont de la douleur.

Avec lui sur le chemin, la route de souffrance devient une « rue de l’amour ». A la fin de la route, je sais qu’aucune peine, si elle est née avec une petite étincelle d’amour, n’est futile. Il ne s’agit pas de traverser la vie  mais de trouver le salut en la vie.

Prier les stations du chemin de croix nous apprend à croire en l’amour même si cela nous apparaît obscur. Même si nous tombons, regardons le nous donner la force de se lever, de se relever et de marcher parce qu’il nous dit, encore et encore : « regarde moi. Jamais tu ne tomberas plus bas que ce que j’ai fait. » Parcourir ainsi le chemin de croix nous donne le chemin de vie qui ne se termine pas dans la nuit du Vendredi Saint, mais bien dans la lumière du dimanche de Pâques.

 

Extrait traduit de : Florian Kolfhaus, Via Dolorosa, Der Kreuzweg Jesus. ISBN 978-3-940879-20-2