Chers amis,

 

Les chrétiens en dehors de l’Europe se demandent souvent: pourquoi les chrétiens européens sont ils si timides et manquent-ils à ce point de confiance en soi ? Même des personnes de confessions différentes se posent de plus en plus cette question, ainsi que le juif Joseph Weiler, professeur de droit international et européen.

 

Pourquoi sommes nous si timides, alors que nous avons tellement de quoi être fiers ? La chrétienté a formé l’Europe et a ouvert le chemin à la solidarité et la démocratie. La chrétienté a révélé un Dieu personnel et aimant, offrant le pardon et la paix et l’amour - même pour l’ennemi- véritables. La découverte de ses richesses est illimitée.

 

Et cependant elle est confrontée à tant d’hostilité. Vous pouvez lire dans le prochain extrait un discours que Joseph Weiler a tenu le 27 avril à Vienne. Vous pouvez obtenir l’entièreté du texte (en anglais) si vous le désirez en écrivant à office@europe4christ.net.

 

Ps : n’oubliez pas, le Notre Père quotidien pour une Europe basée sur des valeurs Chrétiennes. Prions Notre Père qu’il nous offre la confiance en nous même et la diligence afin que nous apportions le Christ à nos voisins et communautés.

 

 

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Laïcisme et Christophobie en Europe

Par Joseph Weiler

 

Lorsque la moitié de la population en Europe vit sous une constitution contenant une mention explicite de Dieu et de la Chrétienté, l’on peut conclure qu’exclure cette mention ridiculise le moto européen : « unis dans la différence », valable apparemment tant que cette différence ne contient ni Dieu ou la Chrétienté.

 

Combien de fois devrons-nous expliquer qu’inclure la mention de Dieu dans le symbolisme étatique est une décision neutre ? C’est bien plus une décision politique pour une certaine vision du monde et contre une autre.

 

J’ai demandé à Valérie Giscard d’Estaing*, quelle était sa position sur la question de l’Invocatio Dei**, en fait sur la question des racines chrétiennes. Et il m’a dit qu’il était pour, mais il n’y avait pas de consensus, et qu’eux travaillaient par consensus.

 

Oui, il n’y avait pas de consensus, mais pourquoi alors adopter par defaut la non-mention ? Et j’ai demandé à Monsieur Giscard d’Estaing : pourquoi n’avez-vous pas introduit l’Invocatio Dei puisque vous y croyez - et dit ensuite : « je ne peux le retirer, car il n’y a pas de consensus ? » Pourquoi est ce que la laïcité française a prévalu sur la foi allemande en la responsabilité devant Dieu et les hommes, ou sur la conviction irlandaise que toute autorité découle de la Trinité, ou sur l’élégante solution polonaise qui reconnaît les deux ?

 

Il y a une autre raison pourquoi la mention de Dieu a été retirée de la constitution : la laïcité européenne n’est pas –contrairement à la sécularisation américaine- un « je ne crois pas à Dieu », mais en fait presque une foi en elle-même : une opposition à toute religion, et par là en Europe on veut dire la foi chrétienne. C’est pourquoi je ne vois pas de raison de ne pas parler dans mon livre de « Christophobie ».

 

Encore un autre élément à ce combat intérieur au sein de l’Europe sur ce thème : c’est la question de savoir si une mention de Dieu ne compromettrai pas la tolérance et le multiculturalisme, apanages de la société européenne.

 

Que se passera-t-il avec les citoyens musulmans, les citoyens juifs ? Ne se sentiront-ils pas mis à l’écart, voire menacés ?

 

Derrière cette question se cache une confusion sur ce que sont tolérance, multiculturalisme et identité. La tolérance n’est pas simplement une pratique sociale, elle est la capacité de l’âme à surmonter, à dépasser, à accepter ou à tolérer ce qu’il lui est opposé ou contradictoire. Est-ce tolérant de dire, « je ne puis juger » et c’est pourquoi tout doit être permis ?

 

La vraie tolérance, donc cette discipline de l’âme qui résiste à ne pas dominer les autres ne peut en général reposer que sur la reconnaissance de certaines vérités. Parce que la position du « tout est permis » ne réside pas dans le respect mais dans le mépris à l’encontre des autres ! Comment puis je respecter l’identité des autres lorsque je ne respecte même pas la mienne ? Et pourquoi est ce que les musulmans ou les juifs en tant que minorités devraient se sentir en sécurité dans une société qui se sépare de l’évidente identité religieuse propre ? Beaucoup de personnes viennent dans cette partie du monde parce qu’il y a cette tradition de la tolérance et que malgré leurs propres traditions, ils peuvent chaleureusement accueillir quelqu’un qui ne les partage pas. Je ne peux pas véritablement respecter les autres si je ne me respecte pas moi-même. Il faut donc sérieusement fêter la richesse de l’héritage chrétien et ne pas le mentionner est une manie européenne, une sorte d’amnésie du passé chrétien de l’Europe.

 

Prenons en exemple le cas Buttiglione. Lorsqu’il a été interrogé, il a dit ceci : si vous me demandez mon opinion personnelle, je dirai que je pense que l’homosexualité est un péché. Mais si vous me demandez comment je réagirai en tant que commissaire aux Libertés Civiques, de la Justice et des Affaires intérieures, alors je m’en tiendrai à la loi et la constitution de l’Europe. Il n’a jamais dit que c’était faux, mais un péché, ce qui appartient au domaine religieux. Pour quelqu’un qui n’est pas religieux, le mot péché n’a pas de sens.

 

Imaginons que Buttiglione ait été juif : tout d’abord, personne ne lui aurait posé cette question. Ensuite : si on la lui avait posé, et qu’il avait donné la même réponse, l’on aurait pensé à une réponse modèle : il est fidèle à sa tradition, ce que nous acceptons en tant que société multiculturelle, et il est fidèle à la constitution. Mais comme chrétien l’on peut tout de même être mis à la porte pour cette position, c’est un cas qui parle pour soi.

 

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*Valérie Giscard d’Estaing était le président de la Convention Européenne chargé d’ébaucher la constitution européenne.

**Appel à Dieu. Lors du débat sur l’ébauche de la constitution, certains étaient en faveur pour une invocation directe à Dieu, d’autres pour une mention des racines chrétiennes dans l’histoire européenne. Les deux propositions furent refusées avec le faux argument que ce serait heurter les non croyants ou les croyants d’une autre foi.

*** Christophobie ou Christianophobie: haine irraisonnée des chrétiens, de la chrétienté ou des convictions chrétiennes. Mène à la violence verbale, aux actes motivés par la haine, à la discrimination des chrétien ou à la persécution subtile et « la mort civile » (Jean Paul II, Lourdes 1983).

**** Rocco Buttiglione aurait été nommé Commissaire européen de 2004 à 2009. Après des heures d’interrogation par le parlement européen il dut se retirer du fait des ses convictions chrétiennes.